Le Château de la Nerthe est le plus ancien et l'un des plus grands domaines de Châteauneuf-du-Pape, vanté par de nombreuses personnalités, à commencer par les félibres provençaux.
Le poète et vigneron Anselme Mathieu écrivit en 1861: "L’enclos des Gros Cailloux est celui qui se rapproche, pour la couleur et la finesse du bouquet, le plus du clos la Nerthe" qui semble bien être au-dessus de tous en qualité !
Maître du félibrige, Frédéric Mistral pour qui le vin de Châteauneuf-du-Pape était "un vin royal, impérial, pontifical", appréciait celui de la Nerthe, au point de le chanter dans Le chant des félibres (1855), célébrissime :
Enterin que li chatouneto
Danson au brut dóu tambourin,
Lou dimenche, souto l'oumbreto
D'uno figuiero vo d'un pin,
Aman de faire la gousteto
E de chourla'n flasquet de vin.
(...)
Alor, quand lou moust de la Nerto
Sautourlejo e ris dins lou got,
De la cansoun qu'a descuberto
Tre qu'un felibre a larga'n mot,
Tóuti li bouco soun duberto
E la cantan tóutis au cop.
Pour la traduction :
Cependant que les jouvencelles
Dansent au bruit du tambourin,
Le dimanche, à l'ombre légère,
A l'ombre d'un figuier, d'un pin,
Nous aimons à goûter ensemble,
A humer le vin d'un flacon.
(...)
Alors, quand le moût de la Nerthe
Dans le verre sautille et rit,
De la chanson qu'il a trouvée
Dès qu'un félibre lance un mot,
Toutes les bouches sont ouvertes
Et nous chantons tous à la loi.
Dans le Poème du Rhône (1897), Frédéric Mistral évoque aussi "les lapins de Châteauneuf-du-Pape dont le vin de La Nerthe rehausse la saveur"...
Plus tard, un autre félibre adressera un poème à Charles Bortoli, propriétaire du domaine.
Bel ami, vosto Nerto es de souco divino
E lou vin que bevien li troubadour
E ieu, per n'en chima de longo, se devino,
Que dounarieù, bessai, ma part de Paradis.
Bel ami, votre Nerthe est de souche divine
C’est le vin que buvaient les troubadours jadis.
Et moi, pour en boire sans cesse, je pense
Que je donnerai, peut-être, ma part de Paradis.