Lors des Auspices du Gigondas, qui se déroulaient aux Hospices, dans
le haut du village vauclusien, les jeunes vignerons de l'appellation (dont Julien Bréchet du Domaine des Bosquets) nous ont accueilli pour nous présenter le Millésime 2011 à
Gigondas. Les bruts de cuve sont certes différents selon les domaines, les terroirs, les assemblages..., mais globalement 2011 offre des vins
gourmands, fruités, sans trop d'alcool, avec
des tanins fins et de la fraîcheur. Car si le printemps et le
début d'été ont vite été très chauds, faisant craindre une vendange à haut degré alcoolique, juillet a été maussade et août un peu humide, mais les pluies ont été balayées par le mistral qui a
ainsi garanti une récolte saine. L'avance prise au printemps dans la maturité a été freinée et les vendanges ont été à peine plus précoces que d'habitude. Les baies ont été rentrées dans de bonne condition, de belles maturités, du fruit mais pas trop d'alcool : 2011 est
un millésime qui s'annonce donc plutôt bien ! Il faudra regoûter car la plupart des bruts de cuve n'avait
pas subi leur fermentation malolactique...
Outre cette découverte du nouveau millésime, les Auspices ont permis d'assister à de très intéressants ateliers, comme cette
verticale de Gigondas sur 20 ans ! De 2009 à 1989, quelle typicité selon les années, quelles caractéristiques sur les vins les plus vieux...
En voici un compte-rendu succinct.
2009 est une année à tout petit rendement (du à la grêle de printemps) : 26 hl/ha en moyenne contre 30
en "année normale". La fin de l'été a été chaud et sec, les raisins ont été vendangés dans un bon état sanitaire ; les grains plutôt petits à pellicule épaisse qui ont exprimé beaucoup de couleur
et de tanins. Les Gigondas 2009 offrent donc une couleur intense, profonde ; ils sont fruités, avec de la puissance et des tanins marqués. L'exemple, le Domaine des Bosquets 2009 est riche en fruit, puissant, un peu alcooleux et un petit côté asséchant en fin de bouche.
2007 a bénéficié d'un automne et d'un hiver doux, d'un printemps pluvieux et d'un été sec et chaud avec des nuits fraîches, une météo idéale pour le
développement de la vigne ! Le millésime 2007 est équilibré, aromatique, avec des arômes expressifs en bouche, de la rondeur et des tanins fondus. L'exemple, Perrin Vieilles Vignes 2007 : beaucoup de gourmandise et de légèreté (nb vignes plantés sur un terroir de cône -sables-), un vin ciselé avec une belle
longueur.
2006 réunit un hiver très froid, avec un déficit pluviométrique non
compensé au Printemps (2012 en prend le chemin) ; l'été a été tour à tour chaud puis froid, un peu pluvieux, avec comme résultat une hétérogénéité des maturités du grenache (la syrah était, elle,
de jolie qualité). Les vins de ce millésime ont de la structure mais aussi de la finesse et de la fraîcheur (reflet de celle des nuits d'août).
L'exemple, Grapillon d'or Excellence 2006, peu expressif au nez, sur le fruit en bouche avec beaucoup de fraîcheur. Un vin à
boire...
2005 est une année sèche, venteuse, succession de journées chaudes et nuits fraîches, et une petite récolte bien concentrée au final.
Millésime considéré à Gigondas comme exceptionnel, les vins sont équilibrés, entre densité et finesse, couleurs intenses et tanins soyeux. Pas un millésime exubérant, les vins ont une certaine
austérité : ce sont ils refermés ? On nous dit qu'ils méritent d'être attendus, qu'ils vont se révéler de vrais grands crus...
Le vin dégusté, les Gouberts Cuvée Florence 2005, est à la fois discret mais avec une certaine complexité ; en bouche, le fruit et les notes
de garrigue, un peu mentholées, agréable mais les tanins sont serrés et astringents (effet de l'élevage ? finale "boisée").
2004 connaît un démarrage tardif après un hiver froid ; une forte sécheresse s'est installée jusqu'à mi-août, puis la maturation a un peu décliné. Un
climat sec et chaud a couronné la période de vendanges. Belles couleurs pour ce millésime, des tanins fins, de la rondeur... Pour l'illustrer, le Domaine
Brusset Tradition Grand Montmirail 2004, un vin cjarmeur, "joyeux", avec beaucoup de fraîcheur ; un peu court en bouche toutefois, avec un léger manque de structure, néanmoins un
vin très agréable...
2003 est marqué par une fin d'année pluvieuse suivie d'un printemps et
d'un été très sec, caniculaire. Globalement, des vendanges saines avec des petits rendements ont donné des vins intenses, riches en tanins et une palette aromatique variée. Le millésime 2003 est,
nous dit-on, promis à une longue garde.
le Domaine Raspail Ay 2003 illustre bien l'équilibre et les tanins présents mais agréables, avec une complexité aromatique entre le nez
empyreumatique et les épices en bouche, une touche"sauvagine" de cuir mêlé à des notes de garrigue, un joli vin.
2001 est un très beau millésime avec un mois de mai bien arrosé, un début
juillet humide balayé par un été et un mois de septembre venteux, sec sans chaleurs caniulaires. Les vins sont donc équilibrés et très représentatifs de l'appellation. Pour preuve ce
Grand Romane 2001, qui derrière un nez balsamique avec des notes de caramel, offre une bouche ronde et gourmande, avec des notes de
torréfaction, un vin évolué, pas encore tout à fait un vin "vieux"...
2000 est un millésime "solaire", pluviométrie faible durant le premier trimestre, printemps humide, été chaud surtout en août et des
vendanges saines durant un mois de septembre clément. Un joli millésime avec des vins complexes qui demandent à vieillir...
Beaucoup de sucrosité sur le Domaine de Piaugier 2000 avec un nez giboyeux une bouche kirschée et une finale très "zan".
1999 est encore un millésime de qualité : pluies de printemps, été chaud avec un mois d'août plus arrosé, vendanges sous le mistral, d'où des
baies saines malgré la pluie.
Le Montirius 1999 a un nez de caramel, des notes torréfiées et en bouche la prune/pruneau avec des tanins fondus 
1995 est une année idéale, un gran millésime : avril et ami ont été pluvieux, l'été chaud balayé par le Mistral, suivi de mois d'août et
septembre plus frais.
Le Moulin de la Gardette 1995 est un vin tuilé, au nez animal, à la bouche confite avce des notes de sous-bois.
1989 démarre par une grande sécheresse de novembre 1988 à mars 1989, puis de mai à octobre, ce qui nécessite un tri important durant les
vendanges. Les vins ont une matière dense, de la puissance et beaucoup d'arôme.
Le Domaine de la Boïssière 1989 a bien résisté au temps, le vin est kirsché et cacaoté avec encore un peu de matière en bouche, encore
suffisamment structuré...
Les vins de Gigondas ont souvent besoin de quelques années pour s'affiner et s'affirmer, sauf exception, mais ce sont aussi d'excellents vins de garde, jusqu'à des 10/20
ans pour certains très bons millésimes, et pour ceux qui aiment ces goût de vins "vieux" de la Vallée du Rhône ; le grenache vieillit bien lorsque les conditions sont réunies : vendanges saines
après un printemps plucieux et un été idéal composé de jours chauds et nuits fraîches, quand le Mistral a bien fait son office...