11, 12, 13 mai sonnent le glas... des Saints de Glace ! Des Saints que l'on veut voir aussitôt partis afin de désamorcer au plus vite les risques de gelées printanières qui compromettraient les futures vendanges. Car c'est la période fragile ou la vigne s'élance, vertes feuilles et frémissantes fleurs vers le soleil. Est-il là ? Le vigneron est rassuré, les risques de gel sont désormais bien minces, surtout en Provence. Ouste, Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais !
Mais le froid peut durer en mai, et l'on estime que le dernier Saint de Glace est Saint Urbain que l'on fête le 25 mai : "Quand la Saint-Urbain est passée, le vigneron est rassuré" dit le dicton populaire...
Ci-contre, Saint Servais, celui qu'on veut voir passer pour être rassuré : "Avant Saint-Servais : point d’été, après Saint-Servais : plus de gelée" !

Sous l'époque féodale, le seigneur a droit de ban sur son territoire : il a le pouvoir d'édicter des règles et proclamations publiques et de s'attribuer la propriété d'un four, d'un moulin d'un pressoir... D'origine germanique, le "droit de ban" ou "bannus" est d'abord oral avant d'être strictement codifié dès le bas Moyen Age. NB Le droit de ban est de la même origine que bannir (si le droit n'est pas respecté) et que bannière (sous la protection de laquelle se place le vassal du seigneur).
Le ban des vendanges est donc le droit du seigneur à autoriser la récolte du raisin à date fixe (une tradition antique qui existait déjà sous la Rome ancienne), une institution jadis liée à la perception des redevances du seigneur sur le fruit produit. Mais pas seulement : très tôt, cette obligation fut liée à la qualité et la maturité des baies que des envoyés du seigneur jugeaient dignes ou pas d'être vinifiées... Pas autorité supérieure, le ban (interdiction) était prononcé jusqu'à ce qu'il soit levé et que la date des vendanges soit officiellement définie ; Elle était fixée tous les ans en fonction du millésime entre l'intendant du propriétaire et ses métayers. Précisions que le seigneur, avec le "banvin", se réservait la vente de son vin avant les autres producteurs de la seigneurie...

Le ban des vendanges fut nterdit sous la Révolution française, la Constituante fit reconnaître dans une Loi de 1794 que "Chaque propriétaire sera libre de faire sa récolte de quelque nature qu’elle soit, à l’époque qui lui conviendra, pourvu qu’il ne cause aucun dommage aux propriétaires voisins. Cependant, dans les pays où le ban des vendanges est en usage, il pourra être fait chaque année, un règlement par le Conseil de la commune".
Aujourd'hui, la date des vendanges est définie par autorité préfectorale mais peut être soumise à dérogation, selon l'état des parcelles, l'avancée des maturités et la météo...

Le ban des vendanges reste ancrée dans les traditions vigneronnes et donne lieu à des festivités vineuses hautes en couleur, comme en Avignon avec les Compagnons des Côtes-du-Rhône.