Gigondas sur Tables a connu lundi un succès encore plus grand que la première édition, l'an passé : grosse fréquentation et public nombreux, gourmets et fêtards, réunis sur cette place du village de Gigondas autour des vignerons, chefs de cuisine et artisans de bouche qui nous ont régalés ! L'événement organisé par les jeunes vignerons de Gigondas a connu un début de soirée déjà animé, avant même le lancement officiel : on se presse autour des tonneaux pour échanger avec les vignerons et déguster les vins...
Cette année, les chefs et artisans de la région étaient Armand Arnal, chef de la Chassagnette au Sambuc (Arles), Bruno d'Angelis, chef de La Vieille Fontaine-Hôtel d'Europe à Avignon, Laurent Deconinck, chef de l'Oustalet à Gigondas, Christian Peyre, chef de la Maison de Bournissac à Les Paluds des Noves ; Josiane et Christian Deal, MOF-fromagère et maître-fromager à Lou Canesteou à Vaison ; Sébastien Richez, pâtissier à Les Gourmands disent... à Cavaillon (en compagnie d'invités et d'Henri-Claude Amadieu, président des Jeunes Vignerons de Gigondas, photo ci-dessus de Christophe Jeune, domaines Saint Paul et Grand Tinel) .
Les festivités gourmandes démarrent autour de mets frais et fruités comme la rouelle de homard, pêche et melon de Christian Peyre, Homard et melon, ainsi que la chaleur ambiante, tout plaide pour un Gigondas rosé, comme celui du domaine Les Teyssonnières, un rosé de saignée issu de grenache, cinsault et syrah, plutôt équilibré, bien fait et fruité qui accompagne bien le fruit de la verrine.
En dépit d'un vent léger qui se lève sur le village, les températures sont élevées, et le rosé est très demandé bien sûr ! Cela tombe bien, les chefs ont oeuvré pour proposer chacun au moins un mets en accord avec le rosé, comme le fameux velouté d'herbes amères, brousse de chèvre frais d'Armand Arnal (que je préfère accompagné d'un vin blanc, mais qui peut aussi trouver chaussure rosée à son pied) ou sa délicieuse riste d'aubergines, épeautre de Sault, à la fois suave et épicée, fraîche et acidulée, bien relevée. J'ai choisi de la déguster avec le Gigondas rosé 2012 des Florets, une saignée de grenache, syrah et cinsault, comme le précédent... Couleur intense plus sombre, belle extraction qui titre 14° mais pleine de fraîcheur et de minéralité, très équilibrée, avec des tanins tout doux. très bel accord avec le plat d'Armand Arnal !
Le saumon "brut", sauce soja et baies roses, un classique de Laurent Deconinck (seul chef à officier at home, puisqu'il est le chef de l'Oustalet, à Gigondas). Son saumon fonctionne toujours bien avec les rosés vineux et un peu épicés de Gigondas, comme celui de la Cave de Gigondas ou celui du domaine Longue Toque...
Pour terminer sur les rosés, retour sur celui de la Mavette.
dégusté avec une verrine signée Bruno d'Angelis qui a joué la carte de la truffe d'été : vichyssoise de poireaux, pomme de terre à la truffe d'été, magret de canard du domaine de St Géry. Une délicieuse association, bien mariée au rosé de Gigondas.
Changement de couleur, passons au Gigondas rouge et suivons les conseils avisés de Laurent Deconinck, qui connaît bien les vins de Gigondas et sait particulièrement les accorder. Sur son magret de canard sur une pulpe de figue réglissée à l'huile d'olive vierge, il recommande un vin jeune, sur le fruit, épicé juste ce qu'il faut, comme par exemple celui du Domaine des Bosquets, millésime 2011. Jeux de texture, fraîcheur de la figue et de l'huile d'olive, avec une touche de romarin, l'accord est très réussi. bel accord encore entre l'épaule d'agneau confite, caviar d'aubergine, ricotta et coppa de Christian Peyre avec d'autres Gigondas rouges. En revanche il faudra tatonner pour trouver un accord avec l'improbable oeuf bio moelleux, crème de champignons des prés à la noisette (à gauche), qui trouve un meilleur accord avec un vin blanc qu'avec un rosé ou un rouge. Millésime ancien, fondu pour supporter l'oeuf, avec des notes qui "collent" au sous-bois du mets. Un 2008, mieux un 2004 du Gigondas rouge du Mas des Flauzières semblent offrir un écrin pour l'oeuf sans que celui ne heurte par trop le vin...
Pas de vin rouge pour les fromages (chèvre, comté, fourme d'Ambert), mais un essai plutôt satisfaisant de rosé sur le picodon ; un peu difficile aussi sur les desserts, le but étant plus de terminer sur une touche sucrée que de trouver un accord véritable... Mais les fromages sélectionnés par la fromagère MOF Josiane Déal sont excellents : Comté de 18 mois, picodon de la Drôme, Fourme d'Ambert, cendré du château, buchette aux herbes. Côté sucré : tarte au citron vert et meringue caramélisée, petit fraisounet aux notes de vanille, macavaillon (macaron au melon) et "tendrement chocolat".
La nuit tombe sur Gigondas, plus vite qu'attendu, signe que la soirée est vraiment réussie ! Avant de partir, on déguste quelques derniers verres chez des vignerons incontournables comme Pierre Amadieu. Ah, son Pas de l'Aigle ! J'ai manqué d'autres très bons vignerons. Mais j'en ai rencontré quelques-uns que je connaissais mal ou pas du tout ! A suivre donc, pour ces découvertes...